Doctoral thesis

Le sentiment néologique : facteurs linguistiques et détection de l’innovation lexicale

SPR

  • Fribourg, Suisse, 2024

1 ressource en ligne (235 pages) ; 1 fichier pdf

PhD: Université de Fribourg (Suisse), 11.04.2024

English French Deciding on whether a given word is a neologism is not as straightforward as it might
seem. The decision may depend on various characteristics of the lexical unit, such
as the frequency of use, the distinction between different stages of lexicalisation, the
type of linguistic unit considered (lexical, polylexical, constructional), the existence of
different lexical creation processes (Guilbert 1975, Sablayrolles 2000, Cartier 2018), or
sociological factors that characterise the decision-maker, such as age, place of residence, hobbies or knowledge (Podhorná-Polická and Fiévet 2018b, Malá 2023). This suggests that neological intuition, defined as the intuitive ability of speakers to determine whether a given word is new based on the conventional lexicon of a given language, can also vary according to different linguistic or extralinguistic parameters. Indeed, a series of studies has shown that the lexical creation process is an important factor that impacts neological intuition (Gardin et al. 1974, Sablayrolles 2003, Ben Hariz Ouenniche 2009, Allam-Idou 2017). The present work aims to extend previous research, focusing more broadly on the properties of formal novelty (new form or not) and the regularity of the lexical creation process (regular or irregular). To investigate the effect of these linguistic properties, we conducted three experimental studies in which 40 to 180 native French speakers had to identify neologisms within sentences. In contrast to previous studies, we adopted a quantitative approach to analysing neological intuition. In particular, we focused on the intuition of native speakers rather than that of linguists and controlled neologisms in terms of length and frequency. Furthermore, by measuring neologism identification, response times of the participants and their eye movements, we investigated neological intuition both as the metalinguistic judgements it produces and as the cognitive processes that generate it. The first study examines the joint influence of formal novelty and regularity of the lexical creation process, based on the examination of neologisms that are created by attributing a new sense based on a semantic figure (i.e. semantic neologisms) or morphologically constructed (i.e. morphological neologisms). The next two studies focus on the latter property, analysing its effects on semantic and morphological neologisms separately. They also consider, as a side aspect, the effect of semantic figure (metaphor or metonymy) and the type of affix (prefix or suffix) used to create a new word from an existing one. We found that neologisms are fundamentally heterogeneous in whether they are perceived as such by speakers, and that their linguistic characteristics influences their identification. In particular, neologisms are more salient to speakers when they have a new form than when they are created through the attribution of a new meaning to an existing form. Regularity is negatively correlated with neological intuition: the more regular the lexical creation process, the lower the probability that speakers recognise the words it coins as neologisms. Secondarily, metaphorical semantic neologisms also seem more salient than those constructed through metonymy. In the case of derived neologisms, we used morphological productivity as a proxy for regularity, and discovered that this characteristics interacts with the type of affix. The salience of suffixed neologisms does
indeed depend on the degree of productivity of their suffix, whereas this is not the case
for prefixed neologisms. The observed contrast may indicate a difference in lexical
processing and representation between prefixed and suffixed words. Directions for future research include studying how neological intuition interacts with other characteristics, focusing on other linguistic factors, other types of neologisms (loanwords, phraseological or syntactic neologisms), extralinguistic factors, or the cognitive mechanisms behind neological intuition.
L’identification des néologismes en tant que tels ne va pas de soi. La catégorisation
d’un mot comme néologique peut dépendre de facteurs aussi divers que la fréquence
d’emploi, la distinction de différents stades de lexicalisation, le type d’unité linguistique
considérée (lexicale, polylexicale, constructionnelle), l’existence de différents modes
de création lexicale (Guilbert 1975, Sablayrolles 2000, Cartier 2018), ou encore de
facteurs sociologiques comme l’âge, le lieu de vie, les intérêts ou les connaissances
des locuteur·rice·s (Podhorná-Polická et Fiévet 2018b, Malá 2023). On peut ainsi
penser que le sentiment néologique, défini comme la capacité intuitive qu’ont les
locuteur·rice·s de déterminer si un mot donné est nouveau ou non par rapport au lexique
conventionnel d’une langue donnée, varie selon différents paramètres, linguistiques ou
extralinguistiques. En particulier, une série d’études a montré que le procédé de création
lexicale constituait un facteur de fluctuation important (Gardin et al. 1974, Sablayrolles
2003, Ben Hariz Ouenniche 2009, Allam-Idou 2017). Le présent travail vise à approfondir
les recherches précédentes, en se focalisant plus largement sur les propriétés de la
nouveauté formelle (forme nouvelle ou non) et de la régularité du procédé de création
(régulier ou irrégulier). Pour analyser l’effet de ces propriétés, nous avons réalisé trois études expérimentales où 40 à 180 locuteur·rice·s de langue maternelle française ont dû identifier des néologismes dans une série de phrases. Un tel cadre avait l’avantage, par rapport aux études précédentes, d’aborder le sentiment néologique selon une approche quantitative, basée sur les intuitions non pas de linguistes mais de locuteur·rice·s natif·ve·s, et de permettre de contrôler les néologismes analysés. En outre, en mesurant l’identification ou non des néologismes, les temps de réponse des participant·e·s et leurs mouvements oculaires, nous considérons le sentiment néologique aussi bien selon les jugements métalinguistiques qu’il produit que selon les procédés cognitifs qui en sont à l’origine. La première étude examine l’influence conjointe des propriétés de nouveauté formelle et de régularité de construction, en se fondant sur l’examen de néologismes créés par l’attribution d’un nouveau sens instanciant une figure sémantique (i.e. néologismes sémantiques) ou construits morphologiquement (i.e. néologismes morphologiques), tandis que les deux études suivantes se concentrent sur la seconde propriété, en analysant séparément ses effets sur les néologismes sémantiques et morphologiques. Elles se penchent également, de manière secondaire, sur l’effet de la figure sémantique (métaphore ou métonymie) et du type d’affixe (préfixe ou suffixe).
Nous constatons que les néologismes sont fondamentalement hétérogènes dans leur
capacité à déclencher un sentiment néologique, et que les propriétés linguistiques étudiées ont bien une contrepartie psychologique qui influence l’identification des néologismes. En particulier, les néologismes sont plus saillants lorsqu’ils ont une forme nouvelleque lorsqu’ils sont créés par l’attribution d’un nouveau sens à une forme existante. La régularité, quant à elle, est négativement corrélée à la saillance néologique : plus le procédé de création d’un néologisme morphologique ou sémantique est régulier, plus le sentiment néologique généré est faible. Il semble par ailleurs que les néologismes sémantiques métaphoriques soient plus saillants que ceux construits par métonymie, et que, dans le cas des néologismes dérivés, le type d’affixe interagisse avec la productivité morphologique, que nous avons examinée en approximation du degré de régularité. La saillance des suffixations dépend effectivement du degré de productivité, alors que ce n’est pas le cas des préfixations. Le contraste observé pourrait indiquer une différence de traitement et de représentation lexicale entre mots préfixés et suffixés. De futures études pourraient poursuivre l’exploration des différentes caractéristiques du sentiment néologique, en se focalisant sur d’autres facteurs linguistiques, sur d’autres types de néologismes (emprunts, néologismes phraséologiques ou syntaxiques), sur les facteurs extralinguistiques, ou encore sur les mécanismes cognitifs qui sont à l’origine du sentiment néologique.
Faculty
Faculté des lettres et des sciences humaines
Language
  • French
Classification
Language, linguistics
Notes
  • Bibliographie
License
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