Le désir de l'amant divin : le vocabulaire amoureux de quelques femmes mystiques au dix-septième siècle
381 p
Thèse de doctorat: Université de Fribourg, 2010
French
Depuis de nombreuses années, la lecture des oeuvres de Jean de la Croix nous est une source personnelle de méditation et d’admiration. La beauté des poèmes, la profondeur des commentaires de ces poèmes, les images choisies pour faire comprendre le cheminement de l’âme vers Dieu, ne sauraient nous lasser. Après avoir lu la traduction du Père Grégoire de Saint-Joseph, et celle plus récemment publiée de Mère Marie du Saint-Sacrement, nous avons découvert avec une admiration tardive mais profonde la traduction du Père Cyprien de la Nativité, dans la belle langue française de la première moitié du dix-septième siècle. Nous avons découvert aussi la place que tiennent en cette même période d’une part le Cantique des Cantiques commenté, paraphrasé ou simplement cité, d’autre part le personnage de Marie-Madeleine « comme parfaite amante », selon le titre d’un ouvrage de l’époque. Nous avons découvert que les mots de l’amour et les textes sur l’amour divin ont été le fait en ce temps non seulement d’écrivains, théologiens ou spirituels, mais aussi d’écrivaines (on ne leur donnait pas encore ce nom), de femmes qui prenaient fortement la parole en ce temps de bouillonnement mystique. Nous avons découvert enfin que certaines d’entre elles avaient été, avant d’entrer en religion, des épouses aimantes et des mères de famille : elles avaient donc à la fois l’expérience de l’amour conjugal et l’expérience de l’amour mystique. Nous nous sommes alors demandé s’il était possible de mettre en lumière ceci : que cette double expérience pouvait avoir influé sur leur travail d’écriture, et qu’elles auraient usé des mots d’amour autrement que les religieuses dont la vie s’était passée toute entière dans une communauté monastique, et bien sûr autrement que les moines, les prêtres ou les laïcs qui les avaient eux aussi empruntés. Trois personnalités se sont imposées à nous : Barbe Acarie d’abord, la « Belle Acarie » devenue carmélite ; Jeanne Frémyot, baronne de Chantal et fondatrice des visitandines ; enfin Marie Guyart devenue l’humble Marie Martin avant d’entrer chez les ursulines. Nous avons lu et annoté leurs principaux écrits et relevé les mots d’amour qui reviennent le plus souvent sous leur plume, avant d’en faire une analyse comparative. Il est devenu de plus en plus clair que leur expérience conjugale influe réellement sur leur écriture, mais qu’il ne s’agit pas d’une influence uniforme. Et s’il fallait vraiment distinguer chacune par un seul mot, nous dirions que la qualité d’épouse caractérise plutôt Madame Acarie, celle de mère convient à Jeanne de Chantal, celle enfin d’amante s’applique à Marie Guyart ; mais l’exercice paraît très vite réducteur. Elles ont plutôt un point commun, celui d’ouvrir un espace de parole trop rare à nos yeux dans l’Eglise, et qui peut donner le goût de Dieu à quelques uns de ceux qu’Il n’attire apparemment pas. Le goût précisément : Dieu demande à être goûté avant qu’on ne cherche à lui obéir, Dieu est amoureux de nous bien avant de nous demander de L’aimer, Dieu est délicieux avant tout. Mais il importe de Le chercher avec patience et désir, de Le recevoir au jour qu’Il voudra, dans les mains et dans le coeur, avec émerveillement et reconnaissance, comme on accueille un amant. Nous formons le voeu que le présent travail puisse aider l’un ou l’autre lecteur à prendre ce chemin sur lequel se rejoignent deux désirs : celui du chercheur de Dieu et celui de l’Amant divin.
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Faculty
- Faculté de théologie
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Language
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Classification
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Religion, theology
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Notes
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- Ressource en ligne consultée le 11.05.2010
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License
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Identifiers
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